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« Le bonheur est une habitude, celle d'être heureux. »

samedi 10 décembre 2011

QUASI, Ballade à la louange de quelques ruistes

Dans Le Mercure de France paraît en mars 1897 trois ballades moqueuses visant l'école naturiste. Initiée par Saint-Georges de Bouhélier et Maurice Leblanc, celle-ci s'inspirait du naturalisme tout en visant une expression plus pure des sentiments ; elle rejetait également le symbolisme. Notons que Jean de Tinan se moqua de ses représentants à plusieurs reprises et signa le Manifeste anti-naturiste publié dans Le Figaro le 2 mars 1897. Outre leur portée satirique, ces ballades, signées Quasi (1), présentent l'intérêt de mentionner les écrivains et poètes qui étaient des habitués du salon de Rachilde (femme d'Alfred Vallette, directeur du Mercure de France), et parmi eux, Jean de Tinan et ses amis : 

Ballade à la louange de quelques ruistes
Tinan, superbe dans sa cape
De grand d'Espagne ou de berger
Marche, songeant à ce qu'il drape 
D'un ton ironique et léger.
Pour aimer et pour voyager, 
Pierre Louÿs, cher aux Naïades,
Vogue de Cadix à Alger ;
Et Paul Fort écrit des ballades.

Moins blanc sans doute que le Pape,
Lebey saccage le verger
Des étoiles brunes, et happe
Tout ce qui vient y voltiger ;
Il peut pleuvoir, il peut neiger,
Albert qui hait les propos fades
Est plus ardent qu'un dey d'Alger ;
Et Paul Fort écrit des ballades.

Fargue, fier et jeune satrape
Que l'on ne doit pas outrager,
Rêve ; le coude sur la nappe,
ÀTancrède, qu'il veut purger :
Certains errent à l'étranger
Chez les Marcomans et les Quades,
D'autres admirent Béranger,
Et Paul Fort écrit des ballades.

ENVOI
Prince, pourquoi les déranger ?
Qu'il soit de Brivas ou de Prades,
Il fait du pain, le boulanger.
Et Paul Fort écrit des ballades.

Le Mercure de France, mars 1897, p. 579.

Suivent la « Ballade pour enseigner ce qu'il ne faut pas penser de plusieurs excellents écrivains » et la « Ballade pour enseigner au monde ce qu'il faut penser à peine de plusieurs excellents écrivains ».

(1) « La signature omnibus de Quasi — Remy de Gourmont, Alfred Vallette, Albert Aurier en usèrent — couvrit, comme on sait, de son pavillon, des pastiches de tout premier ordre. » Site des Amis de Remy de Gourmont.

 

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